mercredi 30 avril 2025, par
Aux États-Unis, au cours de leur congrès de 1884, les syndicats ouvriers états-uniens s’étaient donné 2 ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à 8 heures (au lieu de 12). Ils avaient choisi de lancer leur action le 1er mai, car cette date correspondait au début de l’année comptable de beaucoup d’entreprises états-uniennes et également à la fin des contrats de
travail.
La grève générale du 1er mai 1886, impulsée par les anarchistes, fut largement suivie. Ils étaient environ 340 000 dans tout le pays. Cette grève se prolongea dans certaines entreprises de Chicago et le 3 mai, trois grévistes de la société McCormick furent tués après que la police ait ouvert le feu sur les manifestant·es. Une marche de protestation eut lieu le lendemain avec une dispersion à Haymarket Square. Alors que la plupart des participant·es avaient quitté les lieux, il ne restait plus que 200 manifestant·es face à autant de policiers. C’est alors qu’une bombe explosa dans les rangs des policiers, faisant plusieurs morts.
À la suite de cet attentat, 8 syndicalistes anarchistes furent arrêtés. Ils furent condamnés à mort lors d’un procès à charge, sans preuves et sans que leur culpabilité fût établie.
Le procureur déclara, lors de ses instructions au jury :
« Il n’y a qu’un pas de la République à l’anarchie. C’est la loi qui subit ici son procès en même temps que l’anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C’est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l’anarchie, ou non. »
Le 11 novembre 1887, devant un public de capitaines d’industrie invités pour l’occasion, quatre anarcho-syndicalistes furent exécutés par pendaison, le cinquième s’étant suicidé dans sa cellule. Les trois derniers virent leur peine capitale commuée en prison à perpétuité.
En 1893, ceux-ci furent innocentés et réhabilités par le gouverneur de l’Illinois, qui confirma que c’était le chef de la police de Chicago qui avait commandité l’attentat pour justifier la répression qui allait suivre. Sur une stèle sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui. »
Cette lutte pour la journée de travail de huit heures pourrait apparaître comme faisant partie du passé, mais elle résonne fortement face aux attaques des patrons et gouvernements contre nos conquêtes sociales obtenues par nos prédécesseur·ses.
C’est à nous, toutes et tous, de reprendre l’initiative pour que le monde de demain, soit celui que nous choisirons et pas celui que les capitalistes nous imposeront.
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saut
Ce 1er Mai 2025, Journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et des travailleurs, doit être l’occasion de se mobiliser dans un monde en crise où plane la menace de guerre impérialiste et capitaliste.
Si on envisage la politique comme l’organisation du vivre ensemble et qu’on estime que la raison de l’économie est le partage de l’effort de production et la répartition des richesses, il paraît alors évident que le libéralisme et le capitalisme sont à l’opposé de nos objectifs. Ils sont basés tout à la fois sur le vol des richesses, l’exploitation des personnes et la mise à l’écart des pouvoirs publics. IIs ne garantissent pas, bien au contraire, un vivre ensemble respectueux de chacune et de chacun. Élevées aux rang de religion d’État, ces doctrines et l’application zélée de leurs préceptes sont à l’origine des crises qui secouent le monde sans parler du tarissement des richesses et de l’appauvrissement des populations.
Qu’elles soient sanitaires, sociales ou écologiques, ces crises sont autant d‘opportunités pour les fanatiques de ces modèles économiques et leurs auxiliaires du monde politique. Les tentatives peu convaincantes des gouvernements pour résoudre ces crises sont toujours assorties d’un plus grand contrôle des populations, de la suppression d’acquis sociaux soi-disant à l’origine de tous les maux, de l’amputation de droits sur lesquels nous devrions nous asseoir. Loin d’être un accident et plus qu’une justification, une crise est un moyen.
La guerre, réelle ou fantasmée, est un moment d’inféodation totale des pouvoirs publics aux exigences du grand patronat. Au-delà des milliards qui sont offerts sans justification ou faux- semblant, les pires abominations liberticides sont promulguées, les contestations sont étouffées, la jeunesse est instrumentalisée et les plus fragiles abandonné·es. Sur les ruines de l’ancien monde, toutes les folies sont envisageables.
Sous le joug d’individualistes avides qui ne reculent devant rien, la population souffre au quotidien, souffre des crises dans lesquelles ceux-là même l’ont plongée pour en ressortir encore plus opprimée. Mais ce n’est pas une fatalité ! Nous avons les moyens d’imposer une autre vision du vivre ensemble où domination, discrimination, exploitation ne seraient que de lointains et mauvais souvenirs.
La journée du 1er Mai porte en elle cet espoir. Fête du travail ? On fête ce qu’on veut quand on veut, pas besoin d’eux. Journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et des travailleurs, en voilà un beau programme. Une journée n’y suffira pas mais ce sont bien la solidarité des classes exploitées et son internationalisme dans la lutte pour l’émancipation et l’égalité qui nous permettront enfin de voir des jours meilleurs.
Les adorateurs de la finance profitent des atrocités de la guerre entre les peuples, opposons-leur la lutte des classes.
Confédération Nationale du Travail
• La réduction du temps de travail et l’augmentation des salaires : semaine de 30 h payés 35 h, 6 h par jour.
• La réappropriation de la sécu par les travailleurs : on cotise, on gère !
• 100 % sécurité sociale, pour une couverture globale par la sécurité sociale.
• Pas un sou pour la guerre et tout pour les salaires, les retraites et nos conditions de vie. Contre le plan d’austérité, le réarmement et l’instrumentalisation des conflits interimpérialistes. 400 milliards pour l’armée ? C’est Non !
• Le retrait de la circulaire Retailleau, loi Valls et toutes les lois racistes qui organisent la précarité et la misère des travailleu.r·ses jugé·es étranger·es par l’État.
• Le retrait de la réforme France Travail avec en priorité des heures d’activité sous menace de la suppression des allocations. Pour la fin de l’activité forcée des travailleur·ses sans emploi.
[1] Source : CNT Manche