Individualisation et Hiérarchie Agents & Services publics en danger

vendredi 9 janvier 2015, par Stics 13


Dans le guide DGT (Direction Général du Travail) sur la souffrance au travail, parmi les sources potentielles de souffrance au travail, sont énumérées l’individualisation du salaire et des primes, la mise en œuvre inappropriée d’entretiens d’évaluation et autres techniques de management visant à isoler le salarié du collectif de travail en générant un écart dément entre le travail réel et le travail prescrit.

A terme, l’individualisation entraîne une dégra-dation des compétences collectives. Elle nuit également à la qualité du travail et du service rendu aux usagers. La communication se dilue et se désintègre.
Si l’individualisation affaiblie les collectifs de travail, divise les agents, détruit l’unité fonctionnelle, elle permet surtout de simplifier la relation hiérarchique et faciliter la relation de pouvoir. Dans les fonctions publiques et surtout au sein de l’ARS, les échelons hiérarchiques sont si nombreux que le pouvoir se diffuse du « sommet » à la « base » dans une nébuleuse de délégations. Cette multiplication des strates hiérarchiques permet au sommet de déléguer au plus petit échelon hiérarchique les affaires courantes de management tout en conservant les dossiers stratégiques.

En lien direct avec les agents, la base du pouvoir hiérarchique est sommée d’assumer le management courant (avec ses techniques individualistes) et l’exécution des modifications organisationnelles.
Lorsque la base du pouvoir hiérarchique ne parvient pas à emporter l’adhésion au changement, alors l’ordre impérieux est donné par le sommet. Ainsi, tous doivent se soumettre aux nouvelles règles.
L’application des techniques managériales du privé au sein des services publics instaure une modification profonde du sens de l’activité par l’intégration des valeurs du capitalisme (au sens éthique, façon de se comporter). L’intégration de l’idéologie managériale a pour finalité la modification de l’organisation du travail, des critères de production, et la redéfinition des services dus au public.

S’il n’est pas possible à des services publics d’être rentable au sens économique du terme puisqu’ils ne vendent pas de prestations (du moins pas encore pour ce qui nous concerne dans notre ministère), il est nécessaire de créer des critères de rentabilité soit pour modifier l’organisation du travail ou redéfinir les services publique mais aussi pour mettre en concurrence ces services avec des acteurs du privé. Accessoirement, les critères de rentabilité permettent de donner une justification à la baisse continue des effectifs en intensifiant le travail par le biais de la pression aux chiffres.
La justification du travail n’est, de fait, plus dans la qualité du service rendu et l’ampleur de la demande sociale, mais dans la justification capitaliste du maintien de l’activité selon des critères abstraits de rentabilité symbolique et de productivité. D’où l’inflation de bilans, de plans, de reportings, de valorisation, de compte-rendu et d’aperçus chiffrés et bien sûr d’évaluations alors même que les moyens alloués tendent à diminuer.

LA CNT DÉNONCE le caractère pathogène de ce type de management conçu comme outil de soumission à la logique managériale du capitalisme. Notamment par :

 la destruction des collectifs de travail et par la mise en place d’une compétition individuelle,
 l’individualisation consistant à faire supporter à chaque agent la responsabilité de ses conditions de travail,
 la déconnexion entre le travail réel et une demande quantitative,
 la relation hiérarchique et ses conséquences en ter-mes de sanction et aliénation à la reconnaissance hiérarchique.

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