Communiqué intersyndical contre la censure à AMU

lundi 25 mars 2024, par 2ESR


Contre la censure à AMU

Luttons pour préserver nos libertés académiques et syndicales

Depuis les attentats meurtriers d’octobre 2023 contre Israël depuis la bande de Gaza, l’armée israélienne mène en représailles une opération militaire qui a d’ores et déjà fait des dizaines de milliers de mort·es, des centaines de milliers de blessé·es, de déplacé·es dans la population civile ainsi que la destruction d’infrastructures essentielles, d’établissements scolaires et universitaires. La Cour Internationale de Justice a appelé le 26 janvier 2024 les pays signataires à empêcher tout acte de génocide à Gaza, et la France (entre autres) appelle désormais Israël à cesser le feu.

Ces derniers mois, des voix étudiantes se sont élevées, à Marseille comme ailleurs, pour dénoncer cette opération disproportionnée et exprimer leur solidarité à toutes les victimes, à travers des rassemblements pacifiques, des réunions d’information, des conférences. Mais les étudiant·es d’AMU ont essuyé plusieurs refus et souffert d’interdictions et d’empêchements systématiques, souvent décidés à la dernière minute par les directions de site ou la présidence d’AMU, au prétexte de risques sécuritaires qui ne sont étayés par aucun élément concret. Informé·es de ces censures et préoccupé·es par la situation en Israël/Palestine, des personnels tentent en vain d’apporter un soutien logistique et scientifique pour la réservation de salles, l’organisation et la tenue des événements en bonne et due forme.

Dernière censure en date, l’annulation de la table ronde universitaire prévue ce jeudi 21 mars, à 14h, et à laquelle trois collègues (dont deux associé·es à AMU) doivent participer, est incompréhensible et intolérable. Les arguments avancés par la direction sont fallacieux. En effet, la réservation d’un amphithéâtre ou d’une salle au titre d’une Réunion d’Information Syndicale, assortie d’une explication précisant l’objet de la réunion, les trois membres du comité d’organisation et les trois intervenant·es scientifiques, ne contrevient à aucune règle de l’établissement. D’autre part, alléguer l’incapacité à “ identifier les organisateurs et participants ” est peu convaincant, puisque celle·ux-ci ont bel et bien décliné leur identité et leurs fonctions. L’interdiction est aussi assortie d’un rappel au communiqué de M. Berton invitant de manière obscure à la retenue. Il fallait donc comprendre qu’il est interdit de parler à l’Université spécifiquement du conflit israélo-palestinien.

Nous, intersyndicale d’AMU, tenons à rappeler que face à une guerre d’une telle gravité, les universitaires sont appelé·ees à intervenir de manière décisive, en mobilisant leurs expertises pour éclairer les enjeux contemporains. Compte tenu de notre attachement commun et historique au droit, à la liberté et l’égalité, la communauté universitaire doit pouvoir se réunir et faire vivre le débat, qui plus est dans une Université qui compte en son sein un grand nombre d’enseignant·es chercheur·ses spécialistes de l’aire méditerranéenne et du Moyen Orient.

Nous alertons par la présente notre communauté, la présidence et les différentes instances dans lesquelles la collégialité s’exprime, sur l’urgence absolue qu’il y a à permettre le traitement des grands enjeux qui font notre actualité sociale et politique, selon les règles du débat académique et de l’intelligence collective, à l’heure où se propagent les discours de propagande et les fake news. Nous exigeons le respect de nos libertés académiques et syndicales, à commencer par l’autorisation de cet événement, qui se veut un espace de respiration collective et démocratique longtemps attendue, contre l’atmosphère étouffante que veulent nous imposer les marchands de haine et entrepreneurs de la division.

Notre Université doit renouer avec les principes fondamentaux de liberté et d’ouverture d’esprit qui nous animent et abandonner toute forme de censure. Nous appelons au respect des libertés académiques, des franchises universitaires, de l’indépendance des universitaires et de la liberté d’expression dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche.